2024, pour un optimisme lucide.

Publié le par Mohamed FELLAH

2024, pour un optimisme lucide.

On ne va pas se raconter d’histoires, l’année 2023 a été difficile pour la France et éprouvante pour les Français. Sur le plan économique et social, l’inflation, installée depuis 2022, a atteint son niveau le plus haut au cours du deuxième semestre, rognant d’autant le pouvoir d’achat des ménages et la réforme des retraites, dont chacun sait qu’elle devenait inévitable, a accentué le sentiment de défiance déjà existant entre les citoyens et les décideurs politiques.

Les nuits d’émeutes du début de l’été et qui ont suivi le décès du jeune Nahel, ont prolongé l’idée que les « fractures françaises » décrites par l’analyste Jérôme Fourquet, loin d’être en voie de rémission, ont plutôt tendance à se creuser et nous autorisent, par exemple, à regarder les banlieues françaises et nos territoires ruraux, comme des bateaux sans cap ni capitaine qui partent à la dérive.

Les nouveaux records de chaleur observés au cœur de l’été ont fini de faire prendre conscience aux plus sceptiques, que le réchauffement climatique à l’échelle planétaire est bien à l’œuvre et que nous en sommes, a priori, qu’aux premiers balbutiements.

Sur le plan international, le conflit russo-ukrainien, loin de s’estomper, s’est amplifié et a été rejoint par celui opposant Israël au Hamas, faisant craindre un embrasement à l’échelle régionale. L’effacement progressif de la présence de la France en Afrique, notamment au Sahel (Mali, Burkina Faso, etc.) est un nouveau signal du recul de l’influence française dans un continent pourtant majoritairement francophone.

2023, annus horribilis, sanctionneront certains. Sans aller jusqu’à cette extrémité, force est de constater que l’année passée ne laissera que de très peu de bons souvenirs collectifs.

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Sans sombrer dans l’optimisme béat, je pense (espère ?) que 2024 peut être une année française, à condition que les défis qui nous attendent soient regardés avec lucidité et que nous nous donnions les moyens de les relever collectivement.

Le défi politique : Courant l’année 2024, c’est plus de la moitié de l’humanité qui sera appelée aux urnes et parfois pour des élections déterminantes à l’échelle globale : États-Unis, Russie, Inde, Ukraine, Algérie, Taïwan, etc. Au total, et comme le précisent les économistes d’Allianz Trade, « En 2024, 60% du PIB mondial seront concernés par des élections, et aucune région du monde ne sera épargnée ».

Et nous aurons bien sûr, et plus proche de nous, le rendez-vous des élections européennes, avec un véritable risque de raz-de-marée populiste au parlement européen. dénouement qui aurait des conséquences immédiates et désastreuses tant sur le plan monétaire, qu'économique ou social, et ce à l’échelle du continent. Durant les quelques mois qui nous séparent du suffrage, il est de la responsabilité de l’ensemble des courants progressistes et modérés d’être au cœur des débats dont l’issue politique aura des conséquences pour les générations qui s’apprêtent à nous succéder. J’ai pour ma part identifié trois sujets qui apparaissent, à mes yeux, comme particulièrement majeurs : Souveraineté européenne et réforme des institutions, politique environnementale et politique migratoire à l’échelle du continent.

le défi économique : L’inflation qui a pénalisé l’économie durant ces derniers mois devrait être suivie, en 2024, d’une période de déflation qui redonnera de l’air aux entreprises et sera un soulagement pour les ménages. Consommation des ménages, dont la vigueur de notre économie est plus que jamais tributaire pour espérer renouer avec une croissance structurelle.

La récession que certains avaient pronostiquée n’est plus un scénario privilégié par les économistes et le desserrement des taux bancaires va probablement permettre au monde de l’immobilier de sortir de la torpeur qui le paralyse depuis de nombreux mois et favoriser la filière du BTP jusqu’au cœur des territoires.

Le défi écologique : La France a posé la volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2050 se délestant progressivement des énergies fossiles. Ce qui implique à ce jour, de sortir totalement du charbon en 2027, de l’énergie pétrole en 2045 pour enfin de ne plus avoir recours au gaz en 2050. Ces objectifs, tirés des accords de Paris, devront donc être atteints à l’horizon d’une génération, ce qui implique que les français qui naîtront courant l’année fêteront leur 26ème anniversaire dans un pays où la totalité des émissions de gaz à effet de serre sera neutralisée. Le budget national qui sera exécuté cette année consacre 40 Md€ à la transition écologique, +7 Md€ par rapport à 2023, signe que la France ne se paye pas de mots et se donne les moyens de traduire sa volonté politique sur le plan écologique.

Le défi diplomatique : Sur ce plan, la France semble avoir perdu sa boussole. D’ailleurs, le Quai d’Orsay se souviendra longtemps de l’année 2023 marquée par la première « Fronde des ambassadeurs » matérialisée par une note collective remettant en cause la position officielle du pouvoir central au Moyen-Orient. En 2024, le monde aura besoin d’entendre la voix de la France, notamment pour rappeler le droit international et défendre des valeurs dont le fondement est relativisé par, entre autres, les tenants des BRICS. Le Président de la République peut, doit, rappeler à l’occasion de chaque conflit réel ou hypothétique (je pense, suite au Président chinois, au potentiel « accrochage » entre la Chine et Taïwan), le principe de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes et le caractère universel des Droits de l’homme. Ça n’est, à mon sens, qu’à travers une approche qui renoue avec cette volonté d’équilibre et de justice inaugurée par le Président De Gaulle, que nous serons de nouveau regardés avec intérêt par les peuples du sud.

Le défi olympique : La ville de Paris, sera le centre du monde l’été prochain. Les jeux olympiques sont bien sûr  et tout d’abord une grande fête du sport, mais aussi un des rares espaces où toutes les nations de la planète communient. C’est pour la France, une occasion unique de mettre en valeur la plus belle capitale du monde, de faire la promotion de nos savoir-faire et de la spécificité de la culture française. Ce défi n’est pas moins important, que notre économie, notre diplomatie ou notre politique environnementale... Il en est  la vitrine.

MF

 

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